Le sujet

 

La question est proposée par l'adulte au groupe, mais elle peut être une question d'un enfant que l'adulte formule.

Le point de départ peut-être une histoire, une fable, une chanson , un événement de la classe ou de l'actualité qui pose un problème.

Lipman a mis au point une méthode. Les enfants lisent des romans spécialement rédigés pour impulser des discussions philosophiques et choisissent une question.

 

Quel type de sujet ?

a) ce peut être une notion :

Qu'est ce qu'une grande personne ?

Qu'est ce qu'avoir peur, honte, être en colère, être jaloux, se moquer, s'ennuyer, penser, bien vivre, être heureux....

 

b) ce peut être une distinction notionnelle :

Il s'agira de cerner des ressemblances et des différences pour gagner en précision.

Etre ami/copain. Dormir/être éveillé. Aimer avec le coeur/avec le goût. Etre beau/laid. être intelligent/bête. Malade/bonne santé. Gentil/méchant. Heureux/malheureux. juste/injuste; jouer/travailler. Etre juste/injuste. Dieu/père Noël....

Ces deux premiers types de sujet mettent l'accent sur la conceptualisation, processus de pensée exigeant.

 

c) Ou ce peut être une question : ( peut-on savoir ce qu'il y a après la mort ).

La formulation de la question est essentielle, car c'est en fonction d'elle que s'oriente le débat et les réponses.

 

Y a-t-il une différence entre un homme et un robot ? Est-ce que tout le monde est pareil ? Etes-vous pressés d'être grands ? Quelles ressemblances et différences il y a entre un adulte et un enfant ; un animal et un homme ; un français et un chinois ; une poupée et nous ?

D'autres appellent à une pensée dialectique et complexe ( quand on grandit, on change ou on reste le même ? )

Il faut choisir des questions philosophiques, c'est à dire non susceptibles :

- D'une seule solution ( << la bonne>> );

- D'une réponse factuelle, de connaissance ( qu'est ce qu'un conseil municipal ?); technique ( comment fabrique-t-on un cerf volant ?);scientifique ( comment poussent les plantes ?).

Mais au contraire des interrogations métaphysiques ( sur la liberté, la vérité, Dieu, la vie, la mort, l'amour...), ontologiques, existentielles ( Est ce que j'existe ? Qui sommes-nous ? ), éthiques ( A t-on le droit de tout faire?), esthétique ( Qu'est ce que le beau ?), épistémologique ( C'est quoi le dernier nombre ?); donc difficile à résoudre et susceptibles de plusieurs réponses également fondées.

 

Conclusion :

" Si nous n'osons pas faire penser les enfants, c'est peut-être parce que nous ne les en croyons pas capables. il nous faut postuler pour eux "l'éducabilité philosophique". Car ils se posent et nous posent des questions essentielles. Cette demande, si nous la prenons au sérieux, peut être le tremplin d'un véritable apprentissage de la pensée réflexive chez l'enfant, avec ses conséquences cognitives et citoyennes. Aux éducateurs d'assumer cette responsabilité, d'en faire un de leurs objectifs, et de s'en donner les moyens."

Michel Tozzi, Maître de conférences en sciences de l'Education Montpellier III.

 

Comme le dit Jacques Lévine : " La classe, par ce biais, devient le lieu où le concept s'élabore. En grande section, nous en sommes encore à un dire fait de juxtapositions d'impressions, mais c'est la condition pour qu'ultérieurement s'instaure l'habitude d'une interrogation collective et individuelle sur ce que vivre veut dire. Quelques signes indiquent, dès maintenant, que pour les enfants dits suivistes ou marginalisés, ce type de réflexions sur la condition humaine est susceptible de donner un sens beaucoup moins artificiel au monde de la lecture et surtout à la lecture du monde."

Toujours Jacques Lévine : " Il semble bien que l'intérêt des ateliers de philosophie tient à trois aspects :

- D'une part, l'enfant se confronte à quelque chose de plus et d'autre que des connaissances, il se confronte à des énigmes qui le sont d'ailleurs pour tous, adultes et enfants ( exemple : la Beauté, la Justice,..)

- de ce fait, ces enfants se découvrent dans un nouveau statut social, ils deviennent co-fabricants d'une pensée collective, interlocuteurs valables à l'égard d'autres, interlocuteurs dont la pensée est prise en compte.

Du point de vue de l'évolution de la pensée, le fait même qu'ils explicitent un certain type de pensée propre à leur âge, et qui est surtout de type émotionnel leur permet de s'en décentrer et d'accéder à la pensée de l'âge qui suit; qui est moins syncrétique et déjà plus rigoureuse. "

 

La façon extrêmement attentive dont l'enfant aborde les problèmes soulevés en atelier philo, montre effectivement qu'il s'agit là d'un moteur essentiel du désir de savoir, y compris et surtout pour les enfants qui ont tendance à rester extérieurs à la classe.

Ce document est un montage à partir de mon expérience et de ma réflexion personnelle, ainsi que des travaux de Michel Tozi, de l'Agora, de Viera enseignant en ZEP à Caen, de la revue "Je est un autre".

 

THEMES POUVANT ETRE ABORDES AU COURS DE DEBATS PHILOSOPHIQUES POUR ENFANTS.

· Qu'est ce qu'avoir raison ?

· Etre seul, que se passe-t-il quand l'autre n'est pas là ?

· La violence, seul moyen de se faire entendre ?

· Pourquoi les enfants sont-ils pressés de grandir ?

· Qu'est ce qu'une grande personne, languis-tu d'être une grande personne ?

· Que veut dire être libre ? Quand est-ce qu'on n'est pas libre ?

· Maman travaille et me laisse...

· A-t-on le droit de tout faire ?

· Qu'est-ce que c'est être content ?

· Est-ce que tout le monde est pareil ?

· Etre intelligent, être bête ?

· Est-ce que j'existe ?

· La beauté.

· L'imagination.

· La peur.

· Qu'est-ce qu'un animal ? Est-ce une personne ?

· Les rêves, les cauchemars....

· La honte...

· Ma place dans ma famille.

· Ma place dans l'école.

· Etre heureux, être malheureux...

· C'est quoi être vieux ?

· La générosité.

· La solidarité.

· Les sentiments.

· Le passé-le présent-le futur.

· Qu'est-ce que grandir ?

· Pourquoi es-tu né ?

· As-tu joué à être un autre ?

· Etre en colère.

· Etre jaloux.

· Se moquer.

· S'ennuyer.

· Partir.

 

Voici des questions qui ont bien fonctionné au cycle 1 :

Qu’est-ce que c’est, une grande personne ?

Quand est-ce qu’on s’embrasse ?

Est-ce qu’on a le droit de tout faire quand on est grand ?

Qu’est-ce qui se passe quand on dort ?

Qu’est-ce que les rêves ?

Quelle est la différence entre un garçon et une fille ?

Pourquoi est-ce qu’on se parle ?

Pourquoi est-ce qu’il y en a qui se battent ?

Est-ce que tout le monde est pareil ?

Quand on grandit, est-ce qu’on change ou est-ce qu’on reste le même ?

A quoi est-ce que ça sert de grandir ?

Quand est-ce qu’on est vieux ?

Quelle est la différence entre une personne et un animal ?

Qu’est-ce que c’est, être heureux ?

Est-ce que cela peut être utile de mentir ?

Doit-on toujours obéir ?

Qu’est-ce que c’est, avoir confiance ?

Est-ce qu’on peut être tous d’accord ?

 

Questions proposées par des CP/CE1 :

· Pourquoi y a t-il des fêtes ?

· Pourquoi fête-t-on Halloween ?

· Pourquoi le bâton de parole pour parler ?

· Pourquoi on déménage ?

· Qu'est ce qu'on aime ?

· Pourquoi on fait du théâtre ?

· Comment on se fait des copains ?

· Pourquoi coupe-t-on les arbres ?

· Pourquoi va-t-on à l'école ?

· Pourquoi on se dispute et on se tape ?

· Pourquoi quand on nous frappe, on pleure ?

· Pourquoi on doit vieillir et mourir ?

 

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